Le Ch'i ou Qi est une notion des cultures chinoise et japonaise qui désigne un principe fondamental formant et animant l'univers et la vie.
Dans cette approche métaphysique, mystique et animiste voire spirituelle chez les Occidentaux, le Ch'i est à l'origine de l'univers et relie les êtres et les choses entre eux : "nous ne possédons pas le Ch'i, nous sommes le Ch'i !". Il circule à l'intérieur du corps par des méridiens qui se recoupent tous dans le "centre des énergies" appelé "champ du cinabre" (丹田 dāntián). Il est présent dans toutes les manifestations de la nature.
Le Ch'i reste difficile à traduire. D'abord parce que sa notion s'étend à différents aspects de la vie et de l'univers dans la cosmogonie chinoise. Ensuite parce que le sens a évolué tout au long des époques, au gré de l'influence de différentes écoles de pensée.
Une analyse rapide de la graphie 氣 nous montre de la vapeur 气 au-dessus du riz 米, qui donne une traduction étymologique très réductrice, "énergie produite par l’absorption du riz", exprimant l'idée que le Ch'i est produit par l'air et l'alimentation.
L'alimentation n'étant qu'un moyen parmi d'autres de produire du Ch'i. Le Chinois moderne n'a retenu que la partie supérieure 气, et rejoint ainsi dans l'esprit le caractère primitif formé de trois lignes horizontales 三, symbolisant les courants atmosphériques, similaire au caractère 三 désignant le nombre « trois ».
La notion de Ch'i évolue simultanément sur trois plans, celui des êtres vivants, celui de la structure de l'univers et celui de la spiritualité. Par extension, la notion s'utilise aussi pour rendre compte d'un effet d'harmonie, qu'il soit artistique, architectural ou corporel. L'interprétation du Ch'i en terme d'énergie reste propre à l'Occident, car elle n'apparaît jamais dans les textes chinois qui en restent, eux, à l'idée d'un souffle ou d'une essence.
Le Ch'i est aussi un principe fondamental et unique, qui donne à l'univers et aux êtres leur forme, tout en les transformant sans cesse. Il circule indifféremment dans les choses et les êtres, les reliant en permanence. Dans la cosmogonie chinoise, le Ch'i pré-existe à l'émergence du yin 阴 et du yang 阳, deux aspects de ce souffle qui, en se combinant l'un à l'autre, vont permettre la formation des "dix mille êtres" (wànwù 万物), c'est-à-dire des êtres et des objets de l'univers.
Dans la philosophie taoïste, et particulièrement dans sa forme religieuse, le Ch'i est perçu comme participant à l'évolution spirituelle d'un être. C'est en raffinant le souffle par des opérations "d'alchimie corporelle" que le pratiquant espère progresser dans son développement spirituel, et atteindre un état mental censé rejoindre le fonctionnement fondamental du cosmos.
Le taoïsme et le néoconfucianisme (qui prône la conformité de l’ordre social) parlent alors de retour au wuji 无极, avec pour objectif idéal l'existence éternelle. La pratique de ces exercices emprunte à l'alchimie son vocabulaire et définit trois centres de raffinage du souffle.
Le champ de cinabre inférieur, ou dantian 丹田 inférieur, situé sous le nombril représente l'endroit où se fabrique et s'entretient le Ch'i en tant que substance vitale. Le second champ d'élixir, situé au niveau du cœur-sternum, transforme le Ch'i en shén 神, qui est un souffle plus subtil propre à la pensée. Enfin, la tête contient le troisième dantian où le shén se transforme en un souffle propre à la spiritualité, celui qui est censé mettre le pratiquant dans un état d'unité avec le cosmos, c'est-à-dire le conduire à agir selon les lois intrinsèques d'équilibre de l'univers que le taoïsme nomme la Voie, ou Tao (道), également état originel du cosmos. Cette pratique, nommée Qigong (气功), se base sur des exercices de respiration et de visualisations mentales, alliés parfois à des mouvements ou postures.
La circulation du Ch'i dans le corps a été découverte par empirisme, au fil de siècles de pratique en Chine. L'existence même du Ch'i et sa circulation n'ont pas trouvé de validation expérimentale dans le domaine scientifique. La circulation du Ch'i reste donc l'interprétation d'une expérience sensitive, que la médecine traditionnelle chinoise lie à l'activité cérébrale, la pensée.
Les éventuels effets sont mesurés par observation d'autres paramètres comme le rythme cardiaque, la pression sanguine, les changements de température, la sudation, le tonus musculaire, la douleur, etc.
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